Langue affective
Je ne pourrais jamais exprimer qui je suis
À mes frères d’Ailleurs, à mes enfants d’Afrique
Car je ne connais pas la langue nostalgique
De mon passé heureux qui toujours me poursuit.
C’est un bourdonnement de soleil au zénith,
Des hommes en nuées envoûtés par la danse
Des filles moitié nues se livrant à la transe,
Bruit sourd et continu, murmure qu’ils imitent.
C’est un rythme lointain de tambours, de rouleaux,
De langue maternelle et de mers lancinantes,
Une longue voyelle ou note hallucinante,
Profonde et suraiguë que brise et reprend l’eau.
C’est un hymne versé sur toute la forêt
Par la pluie, feuille à feuille, un enfant qui écoute
Et ferme un œil mouillé sur son mal, goutte à goutte,
Mélodie douce et chaude à la mère serrée.
C’est une voix qui pleure et toujours me poursuit,
Qui m’appelle en écho à ma voix silencieuse ;
C’est ma langue affective et ma plainte impérieuse :
Je ne pourrais jamais exprimer qui je suis.