Saison d'automne
Vint la première pluie, vint le premier automne,
Comme une renaissance, un matin permanent
Dont la lumière et l’or que le soleil donne
Se suspendraient aux branches de scintillement.
Vint mon premier automne et le premier émoi,
Les fleurs en rosissaient de leur dernière sève,
De leurs derniers parfums pleines d’ivresse, et moi,
Je nous rêvais la vie avant qu’elle s’achève.
Vint le premier émoi et que le vent emporte
Les larmes, les baisers qui me mordent la bouche,
Les mains de mes amants en lit de feuilles mortes,
Tombées sur le sol froid pour que l’hiver s’y couche.
Que les porte le vent dessous les frondaisons,
Avant de s’endormir dans une molle étreinte,
Nous nous découvrirons par l’arrière-saison
Et j’en aurai des pleurs et j’entendrai sa plainte.
Car sous tes frondaisons ou dans mes larges yeux
Tu ne chercheras plus ni beautés, ni merveilles,
Ni souvenirs, - jamais ! – car je serai tes cieux
Sachant qu’en harmonie l’immortalité veille.
Quand dans mes larges yeux vint la première pluie,
Je découvrais en toi et l’amour et la mort
De mes sentiments nés de la mélancolie :
Automne, ô ma saison, tu me seras encore !