Le secret
Ne dis pas, mon amant, ne dis pas qu’en ma bouche
Tu ne trouves de mots plus beaux que ceux proscrits
Par la moralité… mais que je te décris
Avec la conviction qui me rend moins farouche.
Et je veux que tu saches que chacun me touche :
Autant ceux que je lis comme ceux que j’écris,
Mais que tu ignorais puisque c’est sans un cri
Et même sans un mot que s’exprimait ma bouche.
Et si parfois nous restons indécis, — mi figue,
Mi raisin — , désirant savourer ce fruit lourd
Qui coule à mes baisers et nourrit mon amour,
C’est que ma bouche sait presque tous les secrets
Qui lui sont révélés par tous ces indiscrets
Et lui laissent le goût des plaisirs de l’intrigue.